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Hugues Fabrice : « Aider à l’éveil, c’est important. Il faut avoir des perspectives pour l’avenir.»

Dernière mise à jour : 6 avr. 2022

« Ce qui me fait constamment avancer, ce sont mes objectifs. » disait Mohammed Ali, une citation qui nous rappelle beaucoup notre portrait du jour, Hugues Fabrice.

Nombreux sont ceux qui ont déversé leur encre sur la question du temps qui passe, de leur futur, sur cet " après " que nous redoutons tous de peur qu’il vienne nous écorcher la peau, mais dont le parfum victorieux titille nos narines et nous pousse à persévérer. A TTVA, nous pensons que cette peur de l'inconnu ne peut se dissiper que lorsque nous sommes confrontés à des parcours comme celui de Hugues Fabrice, un jeune doctorant en génie électrique à BRUNONE Innovation, athlète professionnel, mais avant tout un personnage plein de ressources et d'aplomb.


C’est lors d’une fin d’après-midi comme les autres que nous rencontrons Hugues, ce 23 janvier 2022.

A 28 ans, la joie de vivre de ce jeune étudiant burkinabè ne manque pas de transpercer la barrière digitale qui nous sépare. Il est souriant et accueillant, mais ce qui nous marque le plus c’est bien cette aura emplie de certitude et de confiance en soi qu’il exsude.


Qui est Hugues Fabrice ? : un parcours d’« école normale »

Face à cette question assez formelle, nous ne décelons pas de grande hésitation chez Hugues Fabrice. Bien au contraire, il prend quelques secondes, inspire, et accroche son regard intransigeant à l’écran d’ordinateur.

Le choix de ses mots laisse entrevoir par ailleurs une certaine humilité ou, peut-être, tout simplement le besoin de se rappeler qu’il vient de loin. En effet, le jeune doctorant nous affirme avoir suivi un « parcours d’école normale ». Entré à la maternelle à 3 ans, titulaire d’un Baccalauréat Général, série D, il est orienté par la suite en Sciences de l’Ingénierie à l’Institut 2IE, basé au Burkina Faso.

Cependant, l’Institut 2IE connaît une période de crise en 2015. L’organisation des cours n’est plus assurée pendant 6 mois. Pour Hugues, des retards s’accumulent, et bien qu’il décide de tirer bon parti de cette situation en réalisant un stage à la SONABEL, la situation le contraint à attendre janvier 2016 pour l’obtention de son diplôme, au lieu de mai 2015 ; ce qui repousse son inscription dans les cursus d’enseignement supérieur français.


En 2016, il candidate alors de nouveau dans des écoles d’ingénieurs en France et reçoit plusieurs acceptations. Ainsi en septembre 2016, il entame un Master en Ingénierie électrique à l’Université d’Artois, obtenant une mention Très bien au cours de sa première année. Son programme d’étude est alors axé sur le contrôle de machines industrielles, le fonctionnement des moteurs, sur « l’efficacité électricité » avec notamment la présence de modules de sensibilisation aux questions environnementales. Cette période lui a ainsi permis d’en apprendre énormément sur la question industrielle. Il réalise ensuite un master recherche, en contrat d’alternance qui devient un CDD en 2018, avec l’entreprise BRUNONE. A la fin de son master, il poursuit un doctorat au cœur de la même entreprise. Il est actuellement en pleine rédaction de sa thèse.


Un étudiant polyvalent : sportif de haut niveau ?



« J’ai toujours aimé le sport… depuis petit », nous livre le doctorant.

« J’avais commencé avec le sport de combat en club… J’étais ceinture jaune en taekwondo mais j’ai fini par fuir les sports de combat. »

Après le taekwondo, il n’a pas démérité, se trouvant une véritable passion pour la discipline. A l’école, il faisait presque tout, vitesse, saut, course. Il a toujours eu 20 aux activités physique et sportive.


« En Seconde, mon prof d’EPS m’a dit : ‘’tu as de très bonnes notes, ça t’intéresserait de faire l’USSUBF ?’’ »

La compétition sportive de l’Union des sports scolaires et universitaires du Burkina Faso (USSBF) représentait un moment incontournable pour ses participants, car les sélectionneurs nationaux y assistaient et pouvaient donc les repérer. La réponse lui semblait donc quasiment évidente : Oui, ça l’intéressait.


La première année de sa participation, le jeune sportif décide de s’inscrire au foot, puis l’année suivante, en athlétisme, discipline dans laquelle il se distingue beaucoup plus facilement des autres et est très vite repéré.

« Au début, ça n’a pas été facile mais depuis 2011, j’ai pu faire de belles choses », nous confie-t-il.

« Quand on grandit, il y a toujours plus de responsabilités. »

Lorsqu’on lui demande s’il ressent une certaine pression par rapport à son avenir, c’est une réaction emplie d’assurance et de fraîcheur que nous recevons en retour :

« Quand on grandit, il y a toujours plus de responsabilités. Aujourd’hui, pour moi, ce sont des choses possibles, pas impossibles. Ce qui m’est demandé, c’est dans mes cordes. Au contraire, ça me donne plus d’énergie et de confiance pour me dépasser et réaliser encore plus de choses. »

Quelles difficultés se présentent pour Hugues aujourd’hui ?

Force est donc de constater que Hugues Fabrice est un doctorant qui connaît ses forces, qui est ambitieux et capable. S’il a des obstacles qui se posent sur son chemin, il peut les surmonter : « Je ne vais pas me plaindre en disant que j’ai plus de mal aujourd’hui qu’avant. Les difficultés se présentent en fonction de la taille de mes objectifs. Les difficultés sont morcelées, elles se gèrent de façon technique et méthodique. Il y a des difficultés, quoi qu’on en dise. »


« Je veux me rendre fier mais je ne me fais pas d’illusion. »

Il faut savoir mesurer ses potentialités, selon Hugues, et ne pas avoir la folie des grandeurs. C’est ainsi qu’on arrive pleinement à faire face à ses obstacles, en appréhendant ses décisions et en connaissant ses limites. Pour lui, « chacun devrait savoir ce qu’il peut faire ou pas, facilement. »


Mais en y réfléchissant, entre un parcours étudiant et un parcours de sportif de haut niveau, il semblerait que les responsabilités s’empilent pour Hugues.

Pour ce qui concerne son parcours, une responsabilité de communication s’impose à lui car ses résultats ne sont pas uniquement les siens mais également ceux de sa communauté, jeune et en quête d’inspiration.

Il a également une responsabilité de présence aux entraînements, et aux audiences, autant vis-à-vis de lui-même que de ceux pour qui son absence pourrait entraîner une conséquence importante.

Tout ceci est sans oublier l’importance de ses cours pour lesquels il a également un devoir d’assiduité.


Comment donc, à 28 ans, peut-il faire face à autant d’attentes et d’obligations, et ceci sans frôler l’éreintement ?


Cette aptitude à bien appréhender ses décisions et l’organisation de ses objectifs passe selon notre interlocuteur par la délégation.



« Quand on a une bonne technologie, on gère plus facilement son temps. On essaie d’être efficace en 24 heures. […] On est toujours humains, surtout les personnes qui ont plein de choses à faire. Tout est sur internet, pour trouver un outil qui nous sied, savoir s’inspirer de parcours de personnes et personnaliser les outils à soi-même. Il faut pouvoir faire jumeler et gérer tous ses aspects de sa vie. »


« 75% de la population a moins de 40 ans, on a tous besoin de repère. Il y a beaucoup de jeunes, c’est notre plus grande force. »


Lorsque nous l’interrogeons sur ses projets futurs, c’est comme si ses yeux se mettaient à pétiller :

« J’ai énormément de projets, je voudrais bien représenter le Burkina aussi longtemps que possible, essayer de lutter contre les choses… Continuer de marquer l’histoire ! Je voudrais faire beaucoup de choses pour développer le sport au Burkina. On verra bientôt des choses apparaître dans ce sens. »

Sans plus nous en dire, le jeune doctorant affirme que beaucoup de projets se dessineront après la rédaction de sa thèse, en particulier pour la jeunesse burkinabè : « 75% de la population a moins de 40 ans, on a tous besoin de repère. Il ya beaucoup jeunesse, c’est notre plus grande force. »

On décèle chez Hugues Fabrice la volonté d’aider, un besoin incommensurable de « rajouter sa pierre à l’édifice », de laisser une trace sur son passage.


« Nous avons besoin de développer des activités périscolaires en même temps que les études. »

Pour Hugues, le développement de parcours hybrides - qui ne soient pas uniquement axés sur les cursus d’enseignements supérieurs comme le sien - est essentiel , car il répondrait à un besoin pressant de représentation de la part de la jeunesse africaine, soucieuse de pouvoir développer sa propre voix.


« Oui, il faut cultiver ce côté. Les jeunes s’inspirent de stars, qui sont très rarement le sage ou l’enseignant. C’est le monde qui est fait ainsi. […] Nous avons besoin de beaucoup de stars africaines. Beaucoup de célébrités aujourd’hui ne véhiculent pas les mêmes mœurs que nous. Il faut qu’on apporte les choses de nous-mêmes. »

Il y a donc un rôle délicat associé au statut de célébrité : celui de projeter une identité, des valeurs et de « véhiculer de bons messages ».


Ce rôle ne peut se faire sans un travail de connaissance, insiste Hugues : « Il faut que ces stars aient quelque chose dans la tête pour savoir projeter le Burkina Faso à l’étranger, toucher un certain public qui acceptera nos mœurs et notre vision. Il faut arrêter de tout récupérer. […] ça doit commencer au plus jeune âge. Il faut 10 ans pour atteindre le haut niveau en athlétisme par exemple. »



« Ce qui nourrissait l’espoir, […] les personnes qui m’inspiraient, c’était les personnes qui travaillaient à la NASA. J’admirais beaucoup Einstein. C’est un modèle n’est pas forcément vivant… » Ce qui le fascinait par-dessus tout, plus petit, c’était les personnes extrêmement intelligentes. « La tête, c’est quelque chose à mettre en avant. Il faut travailler tout ce qui est mental. »

Mais son intérêt ne s’arrête pas aux scientifiques. Dans le domaine du sport, Mohamed Ali a également été un modèle pour Hugues. Aussi bien engagé dans la politique que dans le social, il s’agissait d’un personnage dont les paroles étaient très profondes et parvenaient à toucher tout un public.


Au sein du cercle professionnel de Hugues, il y a également eu Bolt, Teddy Tamgho qui est son coach actuel, et énormément d’autres personnes qui l’ont « inspiré à dépasser des caps », l’ont guidé dans ses accomplissements.


S’il est important d’avoir des repères, il est également important de savoir puiser des ressources un peu partout, de savoir s’imprégner du savoir-faire d’autrui, en profitant de toutes les occasions présentées au sein de son parcours.

« Et plus tu avances, plus tes références en termes de modèles évoluent également, en fonction des passages de ta vie, de ta carrière, etc… »


Aux termes de notre entretien, Hugues Fabrice nous laisse ces sages paroles :

« Aider à l’éveil, c’est important. Il faut avoir des perspectives pour l’avenir. L’éducation, c’est aussi tout ce qui nous entoure, c’est ça qui forge qui tu es. »


Propos recueillis par Roxanne SIMPORE, étudiante en communication, médias et industries créatives à Sciences Po Paris

Article écrit par Houria KONE, étudiante en M1 Politiques Publiques, innovations et politiques sociales à Sciences Po Paris

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